Le convoi de bulldozers est arrivé à Khirbet Humsah avec des ordres clairs : démolir autant que possible.
Nous étions le 3 novembre 2020, la veille des élections américaines. Alors que le monde regardait vers l’ouest, Israël a démoli 18 tentes et cabanes qui abritaient 11 familles, 9 tentes qui servaient de cuisines, 3 hangars de stockage, 10 toilettes portables, des panneaux solaires, 23 conteneurs d’eau, 29 tentes et cabanes qui servaient d’enclos pour des animaux, 10 enclos pour le bétail et des abreuvoirs et mangeoires. Plus de 30 tonnes de fourrage et d’eau pour les animaux ont été jetées sur le sol froid. Pour compléter le saccage, les forces ont confisqué les véhicules et deux tracteurs appartenant à trois habitants.
De nombreuses communautés de bergers palestiniens en Cisjordanie vivent sur des terres dont Israël cherche à s’accaparer. Comme l’État ne peut pas simplement charger les résidents dans des camions et les chasser – un acte que la communauté internationale désapprouverait – il a décidé de rendre leur vie si insupportable qu’ils partiront, soi-disant de leur propre gré.
C’est pourquoi Israël leur interdit de construire quoi que ce soit - des maisons, des enclos pour le bétail, des routes. C’est aussi pourquoi il leur est interdit de se raccorder aux réseaux d’eau et d’électricité, et pourquoi les autorités s’empressent de démolir tout ce qu’elles finissent, faute de choix, par construire sans permis.
Les organisations internationales fournissent parfois une aide humanitaire. Le Consortium de protection de la Cisjordanie, par exemple, qui regroupe dix États membres de l’UE, fournit aux communautés des équipements essentiels pour atténuer les difficultés créées par Israël. Les autorités s’empressent également de démolir ces structures.
Ce mardi-là, après la disparition du dernier bulldozer au-delà de l’horizon, 74 personnes - dont 41 mineurs - se sont retrouvées sans abri. A l’air libre, sans abri, sans toilettes, sans électricité et sans espoir. Ils se tenaient là, sous la pluie froide de début novembre, sur les collines de sable dénudées, et ne savaient pas quoi faire ensuite. Après tout, leurs moyens de subsistance dépendent de cet endroit et ils n’ont nulle part où aller.
Photos de Sarit Michaeli, B’Tselem
Pour le spectateur de loin, il semble que son regard erre nulle part ou dans une terre déserte. Mais sur cette terre, des gens y vivent et c’est leur maison. Au milieu de l’image apparaît la station de pompage d’eau de Mekorot, et derrière elle se trouvent deux des quatre fermes de Khirbat Humsa qui ont été complètement détruites - cette eau dont ils ne pourront jamais bénéficier. La démolition partielle ou le déracinement de ces communautés n’est qu’une question de temps - à moins que nous n’agissions.
C’est ce qui reste du fourrage que les habitants de la communauté ont acheté pour nourrir leur bétail. Même l’alimentation n’a pas survécu au sabotage des forces de l’Unité de surveillance de l’administration civile.
Israël parie que les yeux du monde seront tournés ailleurs lorsque les bulldozers arriveront. Sur la photo, des diplomates de haut niveau des Nations Unies, de l’Union européenne et d’autres pays ont décidé de ne pas détourner les yeux.
Une armoire à fusibles qui faisait partie du système d’énergie solaire de la communauté.
Traduction : Moncef Chahed pour l’AFPS